Lettre de nouvelles Décembre 2023
Quel chemin parcouru depuis !
La maison est habitée depuis 20 mois par l’équipe soignante, les bénévoles de l’association, les personnes accueillies et leurs proches, sans oublier Urgo et Upsa, les deux chats qui ont rejoint l’aventure.
Le lieu est beau, et détonne parfois avec certains lieux de soins qu’ont connu les patients : c’est souvent une bonne surprise à leur arrivée.
Il y règne une atmosphère familiale pleine de douceurs.
J’ai demandé l’autre jour à Camille, Zoé et Raphaëlle, trois jeunes soignantes, de me partager en quelques mots leur expérience depuis l’ouverture : leur sourire était éloquent ! De manière un peu paradoxale, elles m’ont parlé de joie, d’éclats de rire, de bienveillance, de solidarité en équipe, d’écoute, d’une vie intense, manifestement heureuses et fières de vivre leur métier dans ces conditions.
Anne-Charlotte, coordinatrice du bénévolat depuis quelques mois, me disait : « On abandonne ici tous les formatages habituels de nos vies et de nos métiers où il faut aller vite, se mettre en avant, prendre la parole, combler les blancs, pour se mettre simplement, à l’écoute, être présent, silencieux, disponible à la rencontre avec l’autre de manière bienveillante.
Nous vivons alors, des rencontres humaines d’une grande qualité, sans mondanités, d’une intensité particulière, avec ces personnes que nous ne connaissions pas, mais avec lesquelles on va tout de suite à l’essentiel. C’est parfois une sorte de cœur à cœur.
C’est une véritable école de vie, car c’est ainsi que nous devrions être au quotidien, et cela m’amène à changer dans mes relations avec mes proches, comme avec mes enfants ».
Le Jardin commence à donner sa mesure, et je remercie la famille nantaise grâce à laquelle nous avons pu créer ce bel écrin de verdure. Les plantations ont résisté à la canicule, et c’était une joie de croiser ces derniers mois une famille en train de célébrer un anniversaire dans le kiosque, ou voir des patients prendre le soleil au milieu des massifs.
Les travaux de mise aux normes de la chapelle sont maintenant achevés grâce à la générosité d’une fondation familiale qui a rendu cela possible. La chapelle devrait prochainement rouvrir ses portes afin que ceux qui le souhaitent puissent venir s’y recueillir, pour eux-mêmes ou pour confier leurs proches.
Nous avions la conviction qu’il peut y avoir encore de beaux moments à vivre jusqu’à la fin, malgré la maladie, la tristesse et la séparation, des petites pépites d’humanité, qui méritent d’être honorées même quand le sens de ce qui nous arrive est incompréhensible.
J’aime bien ce passage des frères Karamazov que cite Martin Steffens dans son Petit traité de la joie* :
« Je vais vivre, et je vis, même en dépit de toute logique. Je ne crois pas en l’ordre des choses, mais je tiens aux petites feuilles collantes qui s’ouvrent au printemps. Je tiens au ciel bleu. Je tiens à telle personne qu’on se met comme ça, à aimer, sans savoir pourquoi. Ce n’est pas par l’intelligence, par la logique, mais c’est avec les tripes, avec les entrailles qu’on aime, par ces jeunes premières forces qu’on aime. Tu comprends quelque chose à mon galimatias, Aliocha, ou non ?
Je ne comprends que trop, Yvan : c’est par les tripes, par les entrailles qu’on a envie d’aimer, c’est splendide comme tu l’as dit. Je pense que tous les gens sur terre, ce qu’ils doivent faire d’abord, c’est apprendre à aimer la vie. Aimer la vie, plus que le sens de la vie ? Absolument, oui, l’aimer avant la logique. Comme tu dis, absolument avant la logique, et c’est seulement à ce moment-là, que j’en comprendrai le sens. »
La maison de Nicodème est un lieu où on aime et où on célèbre la vie, et les témoignages laissés dans le livre « Paroles de proche » de l’accueil en sont la meilleure illustration :
Que la joie de Noël illumine vos cœurs en cette fin d’année !
Amitiés,
Stéphane Gallet
Président
* Martin Steffens, Petit traité de la joie Ed Salvator, p36.
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